- MAROC - Actualité (1990-1996)
- MAROC - Actualité (1990-1996) P align=centerRoyaume du MarocPolitique intérieureLe 14 décembre 1990, 2 des 3 syndicats appellent pour la première fois à une grève générale. Les manifestations dégénèrent en émeutes dans plusieurs villes, en particulier à Fès, où le bilan officiel fait état de 5 morts et l’opposition de 49, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Le 17, Azzedine Laraki, Premier ministre, annonce la création d’une commission d’enquête «pluraliste» et promet en même temps une augmentation des salaires. Le 27, 450 personnes ont déjà comparu devant les tribunaux pour répondre d’accusations liées aux émeutes. Plusieurs dizaines d’entre elles ont été condamnées à des peines d’emprisonnement allant de 1 mois à 10 ans.Le 13 septembre 1991, Abraham Serfaty est libéré et expulsé vers la France: membre fondateur du mouvement marxiste Ila al-Aman, il avait été condamné en 1977 à la détention perpétuelle pour «complot visant à renverser la monarchie» et «atteintes à la sûreté de l’État». En le libérant, Rabat cherche à améliorer ses relations avec la France, où se multiplient les campagnes pour le respect des droits de l’homme au Maroc. Le 20, à la veille du voyage aux États-Unis du roi Hassan II, la destruction du bagne de Tazmamart, situé dans le Haut-Atlas, est rendue publique. La trentaine de prisonniers politiques qui y vivaient encore, dans des conditions particulièrement dégradantes, sont transférés vers d’autres lieux de détention, mais la plupart seront libérés avant la fin de l’année.Le 4 septembre 1992, la révision constitutionnelle, qui accroît le pouvoir parlementaire, est adoptée par référendum par 99,98 p. 100 des voix.Le 25 juin 1993, le renouvellement du Parlement est marqué par une progression de l’opposition. Les précédentes élections législatives remontaient à 1984. Le scrutin se déroule dans l’indifférence générale. Les principaux partis d’opposition, l’Union socialiste des forces populaires d’Abderrahman Youssoufi et l’Istiqlal de M’Hamed Boucetta, qui présentent des candidats communs, remportent 99 sièges sur 222. La majorité sortante (Mouvement populaire, Rassemblement national des indépendants et Union constitutionnelle) en obtient 74. Toutefois, l’élection, au suffrage indirect par des collèges de conseillers locaux et de professionnels, de 111 parlementaires assure la majorité au pouvoir en place.Le 11 novembre, le Premier ministre Mohamed Karim Lamrani, reconduit dans ses fonctions, forme un gouvernement de technocrates.Le 25 mai 1994, Abdellatif Filali succède à Mohamed Karim Lamrani au poste de Premier ministre.Le 21 juillet, le roi accorde sa grâce à 424 détenus, opposants d’extrême gauche et militants islamistes pour la plupart, afin «de tourner définitivement la page de ce qu’on appelle les prisonniers politiques». Les dossiers d’une centaine de disparus et de quelque 200 exilés restent en suspens.Le 11 janvier 1995, le roi Hassan II rejette les conditions posées par l’opposition pour accepter son offre de participer au gouvernement – une révision constitutionnelle, de nouvelles élections et le départ du ministre de l’Intérieur – et charge Abdellatif Filali de former un gouvernement composé de membres du camp présidentiel.Le 11 juin, Mohamed Basri, l’une des figures de la lutte anticolonialiste, compagnon de Mehdi Ben Barka et opposant à Hassan II, qui vivait en exil depuis 1966, rend hommage à la monarchie chérifienne et décide de rentrer au Maroc.Le 13 septembre 1996, les Marocains adoptent par référendum, à 99,56 p. 100 des votants, la réforme constitutionnelle qui vise à instaurer un Parlement bicaméral destiné, selon le palais royal, à répondre «aux exigences de l’époque». La Chambre des représentants sera désormais entièrement élue au suffrage universel. La nouvelle Chambre des conseillers, qui représentera les «forces vives» de la nation, sera désignée au suffrage indirect. Le taux de participation s’élève à 82,95 p. 100. L’opposition avait appelé à voter en faveur de la réforme.Vie économiqueEn 1990, les conséquences de la crise du Golfe mettent un terme à l’amélioration de la situation économique manifestée au cours du premier semestre, le Maroc important 90 p. 100 de ses ressources énergétiques.La nécessité de restructurer la dette extérieure amène le gouvernement à prendre des mesures d’ajustement économique, qui sont à l’origine des troubles accompagnant la grève générale de Fès en décembre.En 1991, le Maroc entreprend de renforcer ses liens avec l’Espagne et l’Italie, qui sont, après la France, ses principaux partenaires commerciaux.Le 23 novembre 1993, le Premier ministre présente son programme: une réforme globale du système d’incitations aux investissements; de nouvelles réformes des systèmes bancaire et fiscal assorties d’une modernisation de la Bourse de Casablanca et de la création d’un marché de devises; une accélération des privatisations; une limitation du déficit budgétaire; l’ouverture d’un «dialogue permanent» avec «toutes les forces sociales, économiques et confessionnelles», en vue de conclure «un pacte économique et social».Le chômage urbain atteint encore un taux de 20 p. 100 et le sous-emploi sévit en milieu rural, où vit la moitié de la population. Un Marocain sur 7 se trouve au-dessous du seuil de pauvreté. La reprise est modérée par la venue tardive des pluies, le niveau toujours faible des cours du phosphate (le principal produit d’exportation) et, surtout, par la récession affectant les principaux partenaires commerciaux, en particulier la France qui absorbe 30 p. 100 des exportations marocaines.En 1994, le taux de croissance très élevé doit plus aux récoltes exceptionnelles qu’à l’expansion des secteurs de l’industrie ou des services. La loi sur les privatisations, adoptée en 1989, entre seulement en application, avec la cession de 24 entreprises publiques dont la plus importante est la Société nationale d’investissement.En 1995, les aléas climatiques sont la principale cause de la contraction de l’économie marocaine, ce qui met en lumière les déficiences structurelles de celle-ci, et notamment son manque de diversification.L’année 1996, qui fait suite à une année de sécheresse, est marquée par des récoltes abondantes. Cela, ajouté à la reprise du tourisme, explique la forte progression de l’activité économique, après la récession de 1995. La modération de l’inflation et du déficit budgétaire attire les investissements étrangers. En revanche, l’application du programme de privatisations prend du retard. Par ailleurs, la dette extérieure reste très élevée en dépit des accords de conversion de créances conclus avec la France et l’Espagne.Relations internationalesLe 2 novembre 1990, le Premier ministre français Michel Rocard adresse à son homologue Azzedine Laraki un message réaffirmant la volonté du gouvernement français de maintenir une étroite collaboration avec Rabat. Il cherche ainsi à apaiser les inquiétudes marocaines causées par la publication en France d’un livre de Gilles Perrault, Notre Ami le roi , dénonçant les atteintes aux droits de l’homme sous le régime de Hassan II. Le 4, Danielle Mitterrand renonce à un voyage en Algérie auprès des réfugiés sahraouis. Le 6, l’État marocain demande la mise sous séquestre d’émissions d’Antenne 2 et de Radio France rapportant des propos de Gilles Perrault jugés offensants pour le roi du Maroc. Le 9, Roland Dumas se rend au Maroc pour tenter de désamorcer la crise.Le 28 janvier 1991, 12 jours après le déclenchement de la guerre du Golfe, une grève de soutien à l’Irak est très suivie. Organisée par les syndicats, elle a reçu l’appui du pouvoir. Le 3 février, à Rabat, une «marche de solidarité avec le peuple irakien frère» réunit plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le Maroc est le seul pays maghrébin à avoir envoyé, dès le mois d’août 1990, des soldats en Arabie Saoudite. En raison des protestations de la population, qui a largement pris le parti de l’Irak, le contingent marocain est resté limité à 1 200 hommes. Des manifestations pro-irakiennes ont lieu dans tous les pays du Maghreb.Le 20 juin, Abdelmoumen Diouri, opposant marocain condamné à mort en 1964 et réfugié politique en France depuis 1974, est expulsé vers le Gabon. Son livre-pamphlet À qui appartient le Maroc? , dressant l’inventaire de la fortune du roi Hassan II, devait être prochainement publié. Cette mesure soulève l’indignation de plusieurs organisations humanitaires, dont Amnesty International. Le 24, le président Mitterrand justifie la décision par le «manquement répété au devoir de réserve» de l’opposant marocain.Le 6 septembre, un cessez-le-feu entre en vigueur au Sahara occidental, sous l’égide de l’O.N.U. Il met fin à 16 années de conflit entre les forces marocaines et le Front Polisario, qui avait proclamé, en 1976, une «République arabe sahraouie démocratique» et avait obtenu le soutien de la Libye et de l’Algérie. Ce cessez-le-feu est une première étape vers un éventuel référendum d’autodétermination.Les 28 et 29 janvier 1992 à Moscou, le Maroc – comme 9 autres pays arabes – participe pour la première fois à des pourparlers sur la situation au Moyen-Orient.Le Maroc, pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique, refuse d’assister au vingt-huitième sommet de l’O.U.A., qui se tient à Dakar (Sénégal) du 29 juin au 2 juillet.Le 13 janvier 1993, malgré l’appel au boycottage lancé par la Ligue arabe, le Maroc – comme l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie – signe à Paris le traité interdisant la fabrication et l’emploi des armes chimiques.Le 14 septembre, rentrant de Washington, le Premier ministre israélien Itzhak Rabin s’arrête au Maroc où il s’entretient avec le roi Hassan II. Cette première visite officielle d’un chef d’État israélien dans un pays arabe autre que l’Égypte constitue une première étape vers la normalisation des relations entre Israël et le Maroc.Le 15 avril 1994, l’Acte final de l’Uruguay Round, le cycle de renégociation du G.A.T.T., est signé à Marrakech.Le 24 août, 2 touristes espagnols sont tués lors de l’attaque d’un hôtel de Marrakech par des terroristes. Le 27, Rabat annonce le rétablissement du visa d’entrée pour les ressortissants algériens ou d’origine algérienne. Le 28, un Français d’origine algérienne et un Marocain né à Paris sont arrêtés à Fès. Le 29, Alger annonce la fermeture totale de sa frontière avec le Maroc.Le 1er septembre, le Maroc et Israël décident d’ouvrir des «bureaux de liaison» à Tel-Aviv et à Rabat. Le Maroc annonce également l’ouverture d’un bureau de liaison dans le territoire autonome de Gaza.Le 16 septembre, Rabat accuse les 2 responsables présumés de l’attentat de Marrakech d’avoir été «manipulés par les services de sécurité algériens». Les interpellations effectuées en France parmi les proches des suspects arrêtés au Maroc avaient conforté l’hypothèse de leur appartenance à un réseau contrôlé par l’ex-Front islamique du salut algérien.Le 1er novembre, la réunion à Casablanca de la première Conférence économique sur le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, à laquelle participent les représentants de 61 pays, conforte le Maroc dans son rôle d’intermédiaire entre le monde arabe et Israël.Le 15 décembre, le septième sommet de l’Organisation de la Conférence islamique, qui se tient à Casablanca, conclut à la nécessité de lutter contre l’extrémisme religieux afin d’améliorer l’image de l’islam.Le 28 janvier 1995, la cour d’appel de Fès condamne à mort 3 des 17 militants islamistes accusés de diverses actions terroristes durant l’été de 1994 au Maroc, dont les auteurs de l’attentat de Marrakech.Le 19 juillet, Jacques Chirac entame par Rabat sa tournée africaine qui constitue son premier déplacement à l’étranger depuis son élection à la présidence. Il célèbre à cette occasion les «retrouvailles» franco-marocaines. Les relations entre les 2 pays s’étaient refroidies sous la présidence de François Mitterrand, en raison notamment de la situation des droits de l’homme au Maroc.Le 11 novembre, le Maroc conclut avec l’Union européenne un accord d’association qui prévoit, à terme, l’instauration d’une zone de libre-échange euro-marocaine. Le 13, Rabat et Bruxelles concluent un accord sur la pêche dans les eaux marocaines.Les 6 et 7 mai 1996, le roi Hassan II se rend en visite en France, pour la première fois depuis novembre 1985. Le 7, le souverain s’exprime devant l’Assemblée nationale. Le président Chirac félicite le roi du Maroc d’avoir fait de son pays «un véritable État de droit».Le 25 juin, Marie-Inan Oufkir, fille du général Mohammed Oufkir mort en août 1972 au lendemain d’une tentative de coup d’État contre Hassan II, arrive en France avec son fils et une parente et réclame l’asile politique après avoir quitté clandestinement le Maroc. Le 26, Paris leur accorde une autorisation de séjour. Le 29, le gouvernement marocain fait savoir qu’«il n’y a plus d’affaire Oufkir».
Encyclopédie Universelle. 2012.